jeudi 5 juin 2008 par Hervé
Hervé à Youla, Décembre 1991
Afin d’attiser un cœur encore tout chaud,
Reçois le souffle nécessaire par ces quelques vers
Alors, beaucoup moins rude sera le long hiver
Pour toi restée prisonnière de son blanc manteau.
Tel un feu de sarments qui crépite dans l’âtre
Tu attendras d’être alimentée de nouveau.
Dehors le Ienisseï gelé tout falot !
Dehors la taïga à l’humeur folâtre !
Et les beaux mois seront bien là, l’hiver vaincu
Enchantement, joie pour qui a survécu
Espérance, pour qui a attendu si longtemps
Le grand fleuve tout bouillon se déversant enfin
La grande forêt reverdie rayonnante sans fin
Célébrons ensemble le retour du printemps.
Omar Khayyam, poète persan du 11ème siècle, traduction du russe par Youla et Hervé, janvier 1992
Je suis malade, hélas mon âme me fait souffrir
Et me priver de vin, je pourrais en mourir
Bizarre baumes et remèdes sont comme des poisons
Seul le vin me tient lieu d’éternel compagnon.
La vie, une caravane qui passe peu à peu
Bienheureux celui-là qui est ivre et joyeux
A quoi bon les questions, l’avenir n’est pas sûr
Donne moi encore du vin la nuit sera moins dure.
Lorsque déraciné, je serai de la vie
Comme un arbre tombé qui a longtemps vieilli
Que de vin l’on remplisse mon urne funéraire
Ainsi réanimé j’irai hors de l’enfer.
Hervé à J.M., Mars 1992
Oh ! Qu’il est bien loin le temps de la Sibérie
Lorsque nous parcourions ensemble les monts Saïan
Et sur le Ienisseï, naviguions par beau temps
Si bien accompagnés par de belles "diévouchki".
Maintenant à Paris, ne rêves-tu pas de voir
Ressurgir de tes murs comme une félicité
Bien réelles à nouveau ces images du passé
Juste un petit moment, ne serait-ce qu’un soir ?
Mais je me laisse bercer par bien trop d’illusion
C’est la vodka, n’est-ce pas, qui produit ces effets ?
Ne vois-tu pas enfin tout ce qu’il nous faudrait ?
C’est d’y retourner vite, et encore faire la fête
Des toasts et des chansons pour en mettre plein notre tête,
Alors n’oublions pas celles qui hantent nos visions ...
Hervé STEVE à Sacha, 19 Juillet 1992 en Sibérie
Emportés par les flots, l’avenir incertain
Elle coule paisiblement tranquille est son lit
Pourra-t-elle être ainsi aussi longtemps sans fin ?
Devant un tel destin, comment n’être pas ravis ?
Elle enlace la forêt, majestueuse taïga
Ou se dessinent les cimes, au loin à l’horizon
C’est une grande protection pour celui qui est las
D’un repos mérité, il en fait sa maison.
Konstantin D. BALMONT, poète russe au tournant du 20ème siècle traduction du russe par Youla et Hervé, Septembre 1992
J’allais par le bord brûlé
De certains chemins de conte
Je pensais ... à quoi ? Si je savais,
Je ne pouvais pas ne pas penser.
Et les ruines presque enfouies
De villes presque oubliées
Silencieuses comme des natures mortes
Comme la voix d’inoubliables années.
Je me souvenais, je me mentais,
Je changeais à chaque instant,
J’étais plus près et toujours plus près
Vers moi se penchait mon propre sosie.
Et d’en haut presque suffoquées,
Épuisées, fuyaient des fleurs muettes,
Depuis les ruines obscures
Depuis le clair lointain.
Et soudain sur la pente escarpée
Parmi les pierres je repris conscience
Que la vie respire dans la baie muette
Où existe l’Amour immortel.
: Hervé à Youla, Novembre 1992 à Paris
Combien furent agréables ces longues journées d’été
Je revois ces images qui défilent dans ma tête
Ou, glissant en radeau sur une Mana en fête,
Puis ce jour au Baïkal, ton sourire m’a guidé.
Le temps s’est arrêté suspendu à ces lèvres
Attendant le moment près des flots déchainés
D’être sur un rocher pour nos premiers baisers
C’était à Nice, vois-tu, dans un grand soir de fièvre...
: Youlia et Hervé, Krasnoïarsk et Paris, Novembre 1992
Souviens-toi de ce jour, il ne reviendra pas
Puisqu’il a été l’un des meilleurs,
Je ne trouve pas les mots ...
Et je te prie "aide moi !"
A retracer ce moment merveilleux.
Il restera la mer, un rocher
De ce jour gravé en moi.
Souviens-toi, la vague roulait
S’imprimant dans les mémoires
S’éloignant comme une voile au loin
Et, comme un rêve revenant à nouveau,
Je sens ce moment, cette voix qui appelle,
Ce qu’il me dit de l’Amour.
Écoute : ce joyau que tu tiens
Cette perle sortie de la mer
A tourbillonné jusqu’à toi.
D’où vient-elle ? Qui l’a meut ?
On ne sait : cette fée peut-être
Née des rêves les plus profonds
D’un coup de baguette magique
A produit l’étincelle, le feu intérieur.
Ainsi clepsydre hors du temps
La mer a légué cet te perle
Qui rythme nos cœurs dans son balancier.
Hervé à Youla, 29 Janvier 1993 à Paris
Vois : la Lune est levée, alors ferme bien les yeux
Avance tout doucement, n’aie pas peur, laisse toi faire
Ta main est dans la mienne, je suis ton guide sur Terre
La lumière de l’Astre t’irise depuis les cieux.
Et tu reprends confiance emplie de sensations
Abandonnée au rêve pleine de nonchalance Éthérée,
titubant ces quelques pas de danses
Du courage, un effort, nous voilà dans l’action.
Regarde donc maintenant le rêve fou s’accomplit
C’est au milieu du pont qu’il y a fait son nid
Et au dessous si douce, paisible, coule la Seine
Tes lèvres se rapproche dans l’union de nos corps
Une ombre pour empreinte marque alors notre sort
Il ne reste qu’un désir : c’est de te faire Reine !
Hervé à Youla, 1 Mai 1993 à Paris
O mon si tendre Amour comme je suis partagé
Entre joie et peine d’écrire ces quelques mots
Combien il m’est pénible de te dire tous mes maux
Et j’aurais préféré pas du tout y penser.
Tu es si loin, ma mie, comment être inspiré
J’ai besoin de chaleur et de ton réconfort
Alors réveille moi vite, dis moi quel mon sort
Est-ce dans l’incertitude qu’il faut donc me plier ?
Encore combien de temps dois-je attendre le signe ?
Je ne vois pas tes yeux : n’en suis-je plus digne !
Ta bouche ne dit mot : tout est sans lendemain !
Et ta main autrefois si douce ne se cachait,
N’hésitait pas à dire ce qu’elle pouvait penser,
Mais aujourd’hui quel est vraiment le bon chemin ?
Hervé à Youla, 9 Juin 1993 à Paris
Je t’envoie un baiser qui t’éclaire de mille feux
A travers les facettes innombrables de glaces
Qui recouvre la taïga cet immense palace
Espérant pour toujours un avenir radieux.
Reçois aussi mes vœux qui voyagent dans le ciel
Poussé au gré du vent, aux plus lointaines frontières.
Que les étoiles entendent ces instantes prières
Pour que tu puisses là-bas savourer un tel miel !
Ainsi il ne reste plus qu’attendre que nos Dieux
Intercèdent au plus vite à notre plus grand désir
D’être à nouveau proche et enfin nous unir
Les forces de la Nature pour fidèles témoins
Après les si longs mois restés seuls dans son coin
Comme nous serons heureux d’être les yeux dans les yeux !